Questionner dans la classe

Le questionnement est un moteur d’apprentissage puissant, car il peut permettre aux apprenant.e.s d’indiquer précisément à leurs informateur.trice.s ce qu’iels ignorent encore (Butler et al., 2020). Ceci repose sur des compétences métacognitives qui commencent à se développer bien avant l’entrée à l’école (Goupil et al., 2019, subm.). Cet avantage théorique du questionnement pour l’apprentissage se heurte cependant à de nombreuses complications lorsque l’on s’intéresse à la possibilité pour tous les enfants de questionner dans le cadre scolaire. Bien que la plupart des jeunes enfants posent de nombreuses questions, en particulier au sein de la famille – plus tard au cours de l’enfance, et au sein du microcosme de la classe, cette tendance au questionnement peut entrer en conflit avec d’autres motivations, telles que le besoin de s’identifier à un groupe spécifique au sein de la classe (Kuhn et al., 2020), ou de se conformer – ou au contraire résister (Martin & Bonnéry, 2012) – à certaines normes. Ces dynamiques complexes peuvent contraindre la tendance des enfants à poser des questions en classe, avec des conséquences probablement importantes pour leurs apprentissages scolaires. Ceci pourrait être particulièrement problématique pour des élèves chez qui le risque de décrochage scolaire est plus important, par exemple parce que les pratiques éducatives ne sont pas adaptées à leurs besoins parce qu’elles postulent un certain nombre de pré-requis que tous les élèves ne possèdent pas (Bonnéry, 2015). Cependant, à l’heure actuelle nous manquons de données quantitatives concernant : 1) la tendance des enfants à poser des questions en classe en fonction de différents facteurs tels que leur origine socio-économique, leur genre, leur âge, leur confiance en leurs compétences dans différentes matières, etc. et 2) la possibilité pour le questionnement d’être déployé d’une façon efficace dans une classe, afin de permettre à tous les enfants de progresser plus efficacement par le biais d’une meilleure adaptation du contenu pédagogique à leurs pré-requis. Le but de ce stage sera de mener – en concertation avec des enseignant.e.s de la région Rhone-Alpes impliqués dans le réseau PEGASE – une étude de corpus recensant les questions posées en classe de primaire en fonction des différents facteurs évoqués ci-dessus, et en parallèle, une étude de cas testant la faisabilité d’un processus de ‘questionnement caché’ permettant aux enfants de contourner les contraintes pesant sur le questionnement dans le contexte de la classe.